No Le Monde Diplomatique, Ignacio Ramonet dá-nos a sua visão do "não" francês.
Car ce « non » a une signification centrale : il marque un coup d’arrêt à la prétention d’imposer, partout dans le monde et au mépris des citoyens, un unique modèle économique – celui défini par le dogme de la globalisation.
Ce modèle avait déjà suscité, depuis le milieu des années 1990, des résistances diverses. Par exemple, lors du grand mouvement social en France de novembre 1995. Ou encore à Seattle (1999), où naquit ce qu’on devait appeler ensuite – surtout après le premier Forum social mondial de Porto Alegre (2001), suivi des événements de Gênes (2001) – le « mouvement altermondialiste ». Et dans divers Etats, de l’Argentine à l’Inde, en passant par le Brésil. Mais c’est la première fois que, dans un pays du Nord et dans le cadre d’une consultation politique institutionnelle, une société a l’occasion de dire officiellement « non » à la globalisation ultralibérale.
Depuis ses débuts en 1958, et surtout depuis l’Acte unique européen de 1986, la construction communautaire a exercé une contrainte croissante sur toutes les décisions nationales. Le traité de Maastricht (1992), puis le pacte dit de stabilité et de croissance (1997) ont retiré aux gouvernements deux des leviers majeurs de l’action publique : la politique monétaire et la politique budgétaire. Le troisième, la politique fiscale, est de moins en moins autonome, car elle s’inscrit dans une logique généralisée de « concurrence libre et non faussée ».
Les citoyens ont compris que le traité soumis à leur approbation « constitutionnalisait », à l’échelle européenne, la concurrence exacerbée non seulement entre les producteurs de biens et de services, mais aussi entre l’ensemble des systèmes sociaux happés dans une spirale descendante. Ce n’étaient certainement pas les très maigres « avancées » démocratiques du traité qui pouvaient contrebalancer le verrouillage du modèle concurrentiel qu’il induisait, vidant ainsi de signification les futures consultations électorales.