Para o sociólogo Ulrich Beck, os motins urbanos em França não são expressão de um défice de integração, mas sim do sucesso ou da plenitude desta.
O que há, entre os jovens em rebelião, é uma outra coisa, a saber, a contradição entre o processo de assimilação cultural e o contexto de exclusão social a que estão sujeitos.
En Allemagne, mais aussi dans de nombreux autres pays, on croit obsessionnellement que les causes de la violence des jeunes issus de l'immigration sont à chercher dans leurs cultures d'origine. Les études empiriques de la sociologie la plus élaborée attestent du contraire : ce n'est pas un défaut d'intégration, mais sa réussite même, qui fait paradoxalement le lit de la haine et de la violence. C'est – plus exactement – la contradiction entre le degré d'assimilation culturelle et l'exclusion sociale de cette jeunesse. Ces adolescents assimilés, dont les parents sont venus s'installer dans nos pays, ne sont guère différents, par leurs aspirations et leurs idées, du reste des adolescents de leur classe d'âge : au contraire, ils sont particulièrement proches d'eux. C'est à l'aune de cette similitude que le racisme d'exclusion ressenti par ces groupes hétérogènes d'adolescents est une expérience si amère, et si scandaleuse pour tous les autres. En conséquence, les acteurs des révoltes de banlieue décrivent leur situation en recourant aux termes de dignité, de droits de l'homme et d'exclusion. Et, de manière significative, bien qu'ils soient chômeurs, ce n'est même pas au travail qu'ils font allusion.
Les élites économiques et politiques ne veulent pas renoncer au concept du «travail pour tous», ce qui les rend étrangement myopes devant l'ampleur de la désespérance qui gagne toutes les cités ghettos où vivent les citoyens «superflus», privés d'une existence normale reposant sur le salariat. Les partis de gauche comme ceux de droite, les nouveaux sociaux-démocrates comme les anciens, les néolibéraux comme les nostalgiques de l'Etat social ne peuvent pas admettre que, depuis déjà bien longtemps, dans un contexte de chômage de masse, c'est le travail qui, de grand instrument d'intégration, est devenu un mécanisme d'exclusion.
Mais c'est l'inverse qui se produit : le racisme ingénu des faux concepts va tellement de soi que plus personne ne le remarque. On parle ainsi, par exemple, d'«immigrés», en passant sous silence le fait qu'il s'agit de Français. On incrimine l'islam, quitte à méconnaître la mécréance de nombreux émeutiers. Nous sommes donc bien face à une insurrection profondément française des citoyens «superflus» contre leur dignité blessée. Des citoyens qui réclament le droit, d'être à la fois égaux et différents. Le degré minimal de reconnaissance devrait justement consister à ne pas interpréter de façon triviale l'incendie de haine qui menace de s'étendre sur toute la planète. Mais même cela, c'est sans doute encore trop exiger.